L'esprit de César Franck semble veiller sur le jeune Joseph Jongen lorsqu'il compose, aux derniers jours du XIXe siècle, son Concerto pour violon op. 17. L'Allegro initial, plutôt convenu et sans trait de génie particulier, pèche par volonté de bien faire. On lui préfère de loin l'Adagio molto espressiva, "plus mûri [qui] mêle à une délicieuse mélancolie l'effusion du plus chaleureux lyrisme" (dixit Florent Schmitt). Malgré cela, malgré aussi un finale luxuriant, Eugène Ysaÿe, promoteur de la musique de Jongen et dédicataire de la partition, se gardera de la jouer. Comment l'en blâmer?
On se laisse plus facilement séduire par l'Adagio symphonique (1901) don’t l'orchestration vaut la changelle. Philippe Graffin et Martyn Brabbins y mettent partout beaucoup de cœur et de couleurs. Mais la musique ne s'y trouve encore qu'au stade des belles promesses—les chefs-d'œuvre de Jongen viendront plus tard.
Très libre de forme, la Rhapsodie écrite en 1922 par Sylvio Lazzari (1857-1954), évoque Wagner, Franck et Chausson—plusieurs passages, don’t l'entrée du violon, rappellent le célébrissime Poème de ce dernier. Magnifiquement instrumentée et superbement rendue, elle reste en grande partie le travail d'un épigone doué. À découvrir, si l'on est vraiment très curieux.