Quand on pense à Vieuxtemps, on pense d'abord à ses concertos pour violon. Les deux concertos pour violoncelle sont nettement moins connus—bien qu'il en existe déjà un excellent enregistrement par Maris Hallynck et l'Orchestre national de Belgique dirigé par Theodor Guschlbauer (Cyprès). Ces deux œuvres, de dimension raisonnable, sont de parfaits exemples de ce que l'on pourrait qualifier de concerto classico-romantique. L'organisation des trois mouvements et l'écriture sont claires, et bien définies, sans démesure. L'orchestre, bien présent, sait rester à sa place. Tout est fait pour mettre en valeur le soliste, moins par des traits virtuoses époustouflants que par une exploitation de toutes ses possibilités, notamment mélodiques. Le Concerto nº 1 en la mineur fut créé en 1876 par Joseph Hollman, plus tard le créateur du Deuxième Concerto de Saint-Saëns. Le Concerto nº 2 en si mineur date du séjour de Vieuxtemps en Algérie où il séjournait pour des raisons médicales. Il y mourut prématurément et n'entendit jamais son concerto que créa Joseph Servais.
Il était logique de compléter le programme par deux belles pièces d'Ysaÿe. Lui aussi était d'abord violoniste et Vieuxtemps fut son maître vénéré. Avec la Méditation et à moindre degré la Sérénade écrites vers 1910, on change de siècle et de style. L'harmonie y est plus chargée et capiteuse, plus proche d'un post-romantisme très expressif que de l'"impressionnisme" français. Alban Gerhardt est un violoncelliste audacieux, qui possède une très riche discographie essentiellement consacrée à des raretés. Sa palette expressive est immense et il sait particulièrement mettre en valeur la chaleur expressive de ces musiques, bien secondé par Josep Caballé-Domenech, actuel directeur de la Staatskapelle de l'Opéra de Halle, une des baguettes montantes européennes, au répertoire immense.