Ainsi se referme l'intégrale des mélodies de Liszt entreprise chez Hyperion, Gerald Finley prenant le relais des mains d'Angelica Kirchschlager (mezzo-soprano) et de Matthew Polenzni (ténor). Celles de ce volume sont écrites pour baryton-basse. Elles illustrent cinquante années de création et accusent un rare cosmopolitisme en matère littéraire puisqu'on vaque de l'allemand au français en passant par l'italien et même l'anglais! Si, dans "WeimarsToten", le poète Schobert invoque les mânes de Goethe, Schiller, Wieland et Herder, Gerald Finley, lui, rappelle grandement Fischer -Dieskau, lequel a laissé avec Barenboim un témoignage lisztien qui fit date (DG): travail d'orfèvre sur le timbre, entrée en sourdine, beaucoup de soin et d'arrière-plans: pas une syllabe n'est laissée au hasard. Les Sonnets de Pétrarque perdent en italianità ce qu'ils gagnent en pénétrante introspection: Finley va au fond de sa psyché dans "Paca non trovo" où éclatent les paradoxes de l'amour à l'œuvre chez le poète. Publiée en 1883, cette deuxième version du triptyque demeure d'ailleurs préférable à la première, emphatique, pour ténor: ici l'on sonde les abîmes, et les harmonies évoquent davantage la dernière manière du maître qu'un air de Bellini. Il manque quelques notes à notre chanteur dans "Gastibelza" et "Le vieux vagabond", respectivement d'après Victor Hugo et Béranger. Y règne, hélas, un Sphrechgesant outrancier et jamais à cours de grimaces, tel Alberich sorti pour un temps des entrailles de la terre. Julius Drake, fil rouge de cette intégrale, dispense un piano racé et (trop?) subtilement coloré, mais gagnerait à sortir les ergots par endroits.