Le violoncelliste britannique Steven Isserlis et son compatriote pianiste Stephen Hough auraient pu se contenter d'associer les deux grandes sonates pour violoncelle et piano écrites respectivement par Felix Mendelssohn (1843) et par Edvard Grieg (1882). Ils ont choisi d'intercaler, entre elles, une sonate créée par Hough lui-même pour violoncelle et piano a la main gauche (2013).
La sonate de Grieg (op. 36), la seule qu'il écrivit, a mis des années pour conquérir le public et la critique. Mais sa puissance et son originalité, qui dépassent largement le cadre étroit du nationalisme norvégien dans lequel on enferma trop longtemps son auteur, sont désormais bel et bien reconnues. La sonate nº2 de Mendelssohn (op. 58), en revanche, est celle d'un homme alors au sommet de sa gloire et de son art. Malgré son adagio mélancolique, c'est une petite merveille baignée de lumière. Insérer, entre ces deux morceaux de roi, une pièce contemporaine, fut-elle bâtie sur la même joute entre le violoncelle et le piano, aurait pu paraitre présomptueux. Il n'en est rien, tout au contraire. Parce qu'elle exige beaucoup de la main gauche du piano, qui est celle des graves, la composition de Hough choisit des teintes sombres, non dénuées de sérénité. Le talent éprouvé du duo Isserlis/Hough n'a dès lors plus qu'a sceller ce long dialogue entre le violoncelle et le piano dans le respect des accents de chaque compositeur.