Angela Hewitt pratique un répertoire étendu. Au disque comme en récital, elle aborde François Couperin, Schumann ou la musique du XXème siècle avec la même maîtrise intellectuelle, dont on apprécie le sérieux dans les textes de présentation analytiques et cultivés qu'elle rédige.
Son intégrale des sonates de Beethoven ne suit pas la chronologie, elle rapproche avec tact des partitions d'époque diverses. Le cinquième volume a été enregistré à Berlin sur un Fazioli à la sonorité chatoyante mais univoque. Les tempos sont mesurés, trop sans doute quand la pianiste reste sur un quant à soi un brin pédant (final de l'Opus 2). Les accents sont parfois trop marqués, et un écho étrange s'ajoute aux attaques un peu dures et brillantes (Allegro initial de l'Opus 2 comme de l'Opus 10 nº 1). Dans les mouvements lents, la sonorité manque de densité.
Dans l'Opus 110, les indications de pédales de Beethoven changent totalement le son de l'instrument, particulièrement quand il demande una corda puis 'toutes les cordes' dans le récitatif qui précède le premier arioso. Ici leur mise ne œuvre ne fait que changer le volume sonore et les deux ariosos perdent en douleur ce que les fugues gagnent en (trop grande?) clarté. Et puis on a sans cesse l'impression d'être prisonnier du temps, car le geste instrumental de l'interprète manque de trajectoire. Angela Hewitt ne joue jamais sur l'illusion de l'improvisation, ressort essentiel, pourtant, du génial Opus 110. Un professeur est au piano  ;…