Comme ses contemporains, Vaughan Williams fut attiré par la poésie de l'Américain Walt Whitman (1819-1892) et il la mit en musique dès 1904. En 1936, relevant commande de la vaste cantate Dona nobis pacem, le compositeur reprend une composition laissée de côté depuis 1911, Dirge for two veterans où il exprimait déjà ses idées pacifistes.
Vingt-cinq ans après, elle occupe une des cinq sections de cette œuvre qui passe du dramatisme le plus brûlant à des passages en apparence plus apaisés dont le soubassement rythmique ne masque jamais l'inquiétude. Le tout est emporté de bout en bout par un chœur (celui du Colorado Symphony) que signalent une vigueur rare et une belle diction. Le soutiennent un orchestre vibrant et la direction enflammée et attentive d'Andrew Litton.
Nous retrouvons, les solistes en moins, les mêmes qualités dans la Missa mirabilis de notre contemporain Stephen Hough, surtout connu comme pianiste talentueux au répertoire original et exigent. Ici, tout tourne autour du Credo qui est, selon le compositeur, «le texte le plus problématique à mettre en musique, en raison de sa longueur et du caractère non poétique de ses mots.»
Mais, au-delà, les ambitions métaphysiques de Stephen Hough sont clairement affirmées et le résultat, moins révolutionnaire que celui de son aîné, s'écoute avec intérêt. Œuvre miraculée: je laisse le lecteur anglophone de la notice en découvrir le mystère digne d'un roman de Stephen King!