Julius Reubke reste fameux pour une seule œuvre: sa Sonate sur le Psaume XCIV, pilier du répertoire de l'orgue virtuose. Trois nouvelles versions ne bousculeront guère une discographie pléthorique. Fils de facteur d'orgues, le compositeur insiste en exergue de sa partition sur l'importance des sonorités.
Markus Becker … joue une transcription pour piano, excellente, d'August Stradal (1860-1930), élève de Liszt tout comme Reubke. Ce n'est pas la faute du transcripteur si la fougue pianistique de l'orgue de Reubke disparaît, mais celle d'un interprète gauchi ou intimidé par la référence à l'orgue. En effet, Markus Becker se départit de cette raideur dans la Sonate pour piano, volontiers diffuse et moins bien servie au disque qu'il parvient pourtant à structurer par le sens de la rupture, la variété du toucher et une vaste gamme de procédés agogiques: une nouvelle référence pour l'œuvre.
Markus Becker … nous donne en complément l'Adagio transcrit par Reubke de sa sonate pour orgue de l'album de la princesse de Sayn-Wittgenstein: un petit bijou aux couleurs wagnériennes qui justifierait à lui seul ce beau disque.