Le texte de présentation érudit de Tully Potter traduit comme un manuel de robot ménager chinois, situe l'essentiel du projet: rendre justice à une production chambriste confidentielle dans la longue trajectoire de Max Bruch. Réduite à des pages de jeunesse tombées dans l'oubli et à une floraison plus tardive qui n'a trouvé son chemin qu'en recourant à des combinaisons rares (Huit pièces pour clarinette, alto et piano op.83), elle reste donc à découvrir.
Hyperion a fait appel à des musiciens australiens chevronnés: Piers Lane et le Goldner Quartet, dont le primarius, Dene Olding, est à l'honneur dans les Danses suédoises.
Le Quatuor op.9 en do mineur, déjà découvert chez CPO dans de bonnes conditions, est un excellent devoir d'étudiant composé à dix-huit ans. Ce pourrait être le "Quatuor nº  ;7" de Mendelssohn, et c'est un compliment: même qualité d'écriture, mais pas toujours d'inspiration. Si le récitatif qui ouvre le premier mouvement apparait étrangement fragile, l'exécution se révèle ensuite irréprochable les quatre archets témoignant d'une solide connivence (vingt ans d'activité tout de même ). Interprétation et facture impeccables: le problème est qu'aucune impression durable n'en ressort, l'inspiration mélodique manquant de relief.
Les Danses suédoises op.63, suite de seize pièces très courtes écrite en 1892 sous la vigilante surveillance de Joachim, ont suscité plusieurs versions; on entendra ici l'originale, mais ces pages restent souvent chiches en caractère, palissant au souvenir de Brahms et Dvořák.
Le Quintette avec piano en sol mineur, publié sans numéro d'opus en 1988, soit un siècle après son achèvement, est la bonne surprise du programme. Rien ne trahit sa lente gestation (1881-1888); de construction presque aussi classique que le Quatuor nº  ;1, il progresse vers un scherzo et un finale très réussis dans lesquels les interprètes, rompus au genre (ils ont grave pour Hyperion une dizaine de quintettes, d'Arenski a Vierne) prennent un plaisir manifeste.