Le violoncelliste anglais Steven Isserlis propose un beau panorama de la musique concertante de ses compatriotes. En tête d'affiche, on trouve le binôme porte-drapeau des concertos insulaires: ceux d'Edward Elgar et William Walton. Cependant, avec Steven Isserlis, qui plus est accompagné par Paavo Järvi, on savait que l'on pouvait s'attendre à une relecture anti-traditionnaliste! Nous ne sommes pas déçus!
Considéré comme la dernière grande œuvre achevée par Elgar, le Concerto pour violoncelle (1919) sonne de manière nostalgique comme un adieu vers un monde passe, disparu dans les ruines tristes et encore fumantes de la Première Guerre Mondiale. Cependant, nombre d'interprètes limitent cette partition a un remix romantique trop sirupeux et souvent ennuyeux! Steven Isserlis expurge la partition de sentiments pour en faire un grand moment de pure musique alors qu'a la tête d'un Philharmonia acéré et allégé, Paavo Järvi dynamique l'accompagnement orchestral. La musique d'Elgar sort dramatisée de cette lecture implacable et exemplaire par sa tension nerveuse. Du Concerto de Walton, Steven Isserlis et Paavo Järvi retiennent le lyrisme et la motorique au service d'une conception tranchée et haletante, dans la droite ligne du style de ce compositeur. En complément de programme, le violoncelliste propose deux belles miniatures: Invocation de Gustav Holst et The Fall of the Leaf d'Imogen Host, la fille du compositeur des Planètes, deux partitions chères a Steven Isserlis. Parfaitement enregistre, cet album au couplage logique s'affirme comme une nouvelle référence aux cotes des lectures de Yo-Yo Ma/André Prévin (Sony) et Janos Starker/Leonard Slatkin (RCA), pour se limiter a des interprètes proposant un concept éditorial centre sur Elgar et Walton. Il faut saluer par ailleurs l'excellente notice de présentation écrite par Steven Isserlis lui-même.