Les premières sonates du tout jeune Mozart (il n'a pas dix ans) sont écrites pour piano avec accompagnement 'éventuel' (ad libitum) de violon. Que les quatre sonates plus tardives du programme, ou l'archet doit jouer un rôle éminent sinon principal, sortent ici du même moule pose problème. Dans la magnifique KV 482, le violon d'Alina Ibragimova est d'une neutralité expressive telle qu'il parait sans cesse a la remorque du piano. Même impression dans la KV 304 ; la soliste russe s'y tient dans l'ombre du clavier ou, tout au plus s'élance dans des ornements d'une rigidité étrange. Le charme simple n'est pas son affaire! Le phrase banal de l'Adagio qui ouvre la KV 379 s'avere significatif: le caractère frémissant de ce mouvement pâtit de ce jeu trop droit même si cela s'estompe dans l'Allegro qui suit. Le piano de Cédric Tiberghien, en revanche, se montre tour à tour impérial et voluptueux. Il prend les commandes comme on s'y attend dans la KV 14, ou ses sonorités cristallines font merveille (Menuetto), mais aussi, ce qui étonne autrement, dans les autres œuvres. Prend-il les devants parce qu'il sent la violoniste trop timide et empruntée? Ou bien est-ce elle qui se fait phagocyter par l'aura et la verve du pianiste? Quelle que soit la réponse, cette gravure ne peut rivaliser avec tant d'autres plus équilibrées et épanouies, des mythiques Goldberg/Kraus, jadis, a l'intégrale Podger/Cooper (Channel Classics).