Deux étoiles scintilleront pour longtemps encore dans la discographie du concerto pour piano de Dvořák. Sviatoslav Richter (avec Carlos Kleiber) et Rudolf Firkusny (qui enregistra l'œuvre avec de nombreux chefs, et notamment Vaclav Neuman). Stephen Hough, qui signait il y a quinze ans avec le même orchestre de Birmingham une admirable intégrale des concertos de Saint-Saëns, ne parvient pas vraiment à se faire une place aux côtés de ces grandes références. Sa virtuosité sobre et la vive articulation des phrases rendent certes justice a cette vaste partition parcourue de thèmes enflammés et de souvenirs de danses populaires. Mais des raideurs dans le jeu, la sonorité plutôt sèche du piano ainsi qu'une palette de couleurs assez étroite desservent son potentiel lyrique. Andris Nelsons adapte remarquablement l'orchestre aux climats variés du concerto, depuis les ambiances mélancoliques du début jusqu'aux 'mélodies de derviche tourneur' du finale (pour reprendre les mots de la notice jubilatoire signée par le violoncelliste Steven Isserlis). Le couplage avec le concerto de Schumann est aussi habile qu'original. Ici encore, Hough préfère un ton rigoureux a l'abandon lyrique auquel invite, à notre sens, la partition. Le dialogue avec l'orchestre est tissé en dentelle, mais cela ne suffit pas à gommer l'impression de brillance un peu impersonnelle que transmet cette interprétation. On appréciera en revanche la clarté des délicieuses ribambelles déployées par le piano dans la coda finale, souvent masquées par l'orchestre dans d'autres lectures.