Labellisé "DDD" par sa formation parisienne (Diémer, Dubois, Delibes), Sigismond Stojowski—comme on l'appelait en France, où il fut très répandu—paracheva sa formation avec Paderewski, et son œuvre pour piano a connu une popularité durable. On est surpris de le retrouver dans la collection « The Romantic Violin Concerto » d’Hyperion—Volume XX—mais on l’est moins si l’on sait qu’il fréquenta assidûment le violoniste et compositeur Wladyslaw Gorski (1846-1915, premier mari d’Helena Paderewska) qui l’influença profondément. Ce fut Gorski qui créa le Concerto op. 22 en 1990 à Paris, salle Erard, sous la direction de Chevillard, mais l’œuvre, malgré le succès resta très peu jouée.
L’Allegro deciso initial est plus habile qu’inspiré; on se laissera plutôt aller au romantisme dégoulinant de l’Andante non troppo central, agrémenté d’une harpe qu’on espère jouée en péplum. Le finale est agréablement varie, assez algérien de ton, avec des touches populaires, exigeant pour le soliste; Niziol en propose une belle lecture, avec un orchestra attentif, excellemment dirige par Borowicz et, comme toujours avec le BBC Scottish, parfaitement enregistré.
La Romance op. 20, dédiée au tout jeune Jacques Thibaud qui parait l’avoir jouée, est un bonbon exquis, joue avec le lyrisme nécessaire par le soliste; son Guarnerius est flatté par l’incandescence de cette page brève mais réussie, à l’accompagnement orchestral d’un raffinement au-dessus de la moyenne des production du genre.
Les qualités de Niziol et de ce très bel instrument servent bien la Fantaisie brillante de Wieniawski, qui n’est ni la pire page du virtuose, ni la pire de celles que le succès de Gounod a inspirées. Ecrite en 1865, quand Faust faisait déjà le tour du monde, elle nécessite qu’on y crois, et qu’on ait beaucoup d’élégance dans le lyrisme; les éléments sont réunis ici, et on le savourera comme un «sweet cherry» offert par le patron après un repas un peu court.