Sa visite à Beethoven, qu’il a narrée avec un certain brio, est restée célèbre, comme le satisfecit de Wagner sur sa Dixième Symphonie, pourtant Cipriani Potter, figure majeure de la vie musicale londonienne de la première moitié du XIXe siècle, est un quasi oublié des dictionnaires musicaux, et le disque ne l’a que peu dévoilé, trois symphonies qui donnaient envie d’en savoir plus (vieux LP Unicorn-Kanchana), voilà tout ce que l’on pouvait entendre au disque.
Il fallait bien qu’Howard Shelley, baladant son piano dans le vaste domaine des concertos du premier Romantisme, lui consacrât un volume de sa collection Hypérion. C’est donc de Tasmanie que la résurrection de Potter commence enfin, et immédiatement le charme de sa musique, sa fantaisie, ses imaginations d’orchestre et de clavier captent l’attention.
Il composait alors comme personne, pas même Field, des concertos inventifs mais de pure musique où la poésie prime sur la virtuosité, subtilement écrits, et finement joués par Howard Shelley qui fait son clavier brillant et son orchestre évocateur.
Ces concertos du Londres romantique sont si proches de Weber par l’imagination lyrique, si admiratif de Mendelssohn pour la forme, la clarté des lignes et des textures, petites merveilles vraiment, qui ne m’étonnent pas venant de la plume de celui qui fut le professeur aimé de William Sterndale Bennett. Et lorsqu’il donne dans la variation d’estrade, jamais il ne se dépare de cette finesse d’entendement, de cette élégance un rien inquiète.
Howard Shelley nous doit les deux autres Concertos, mais quelle belle idée ce serait si, avec son magnifique orchestre tasmanien, ils nous enregistraient ensemble les dix Symphonies ? La postérité de Cipriani Potter le mériterait.