Célèbre professeur de composition (il forma notamment Humperdinck et Furtwängler), Rheinberger fut lui-même un pianiste de talent et un compositeur prolifique. Beethoven et le premier Brahms ont porté son concerto sur les fonds baptismaux. Simon Callaghan sait conférer une âme à la rhétorique toute traditionnelle de cette page tour à tour héroïque et ampoulée, ou débordante d'effusion lyrique. Il surmonte avec aisance et panache les difficultés d'une partition hérissée de pièges (déploiements trépidants d'accords en force ou agilité déliée de capricieux arpèges) et est capable d'infuser un sentiment convaincant aux échanges entre piano et instruments solistes dont l'habile instrumentation de l'auteur se montre friand. Grâce à la sobriété de son approche, le Patetico central tient les promesses de son titre et s'élève même à des sommets brahmsiens de déploration. Evitant la précipitation d'un Ponti enclin au spectaculaire, il sait rester posé dans les délicieux échanges entre soliste et orchestre du final en trouvant d'instinct le tempo giusto, dans une parfaite synchronisation avec Ben Gernon. C'est plutôt Schumann et Mendelssohn qui sont mis à contribution par Scholz. Son remplissage un peu verbeux n'a pas le charme de Rheinberger, mais l'enthousiasme de Callaghan infuse à ses figures de style un charme juvénile et persuasif qui sait nous maintenir en haleine.