Martyn Brabbins termine en beauté une intégrale symphonique qui fera date. Le chef polit chaque facette de ces partitions kaléidoscopiques, peaufine chaque incision dans la matière sonore et révèle, à travers les timbres subtils de son orchestre, un nuancier infini. La Symphonie n°3, dont le tissu a été radiographié sans froideur, est d'une troublante transparence. Dans la première partie, l'agitation rythmique d'inspiration américaine est traduite avec toute l'énergie requise, tandis que la seconde bénéficie du décalage nécessaire pour donner sens à cette relecture décomplexée de la Neuvième de Beethoven, véritable dia logue humaniste par-delà les siècles. On admire, dans le premier Blues, la spontanéité de Rachel Nicholls qui détourne sans emphase les vers de Schiller, ainsi que les interpolations de trompettes canailles aux glissandos savoureux.
Parcours symphonique menant, selon les mots du compositeur, «de la naissance à la mort», la Symphonie n°4 est conçue tel un grand souffle. Elle requiert du reste l'échantillon nage d'une respiration, pour plus de véracité. Cette sorte de concerto pour orchestre est un agglomérat de séquences apaisées ou hale tantes, savant montage plutôt que composition pure. Mais reconnais sons que manque la touffeur de la version Solti (Decca). La Symphonie en si bémol, fortement influencée par Sibelius, est le work in progress d'un jeune homme au langage musical bien éloigné de ses expérimentations à venir.