L’effervescence, voilà bien le maître mot de l’Allegro vivace qui ouvre la Sonate en fa majeur, piano comme un cœur qui s’emballe, violon chantant à perdre haleine, tout le Mendelssohn solaire est enclos en ces pages comme dans le piano vif-argent de Cédric Tiberghien et l’archet passionné d’Alina Ibragimova.
Quel duo ! Après leur impressionnant parcours Mozart, complétissime !, pour le même éditeur, voici qu’ils explorent chaque note que Mendelssohn aura écrite pour leurs deux instruments ensemble.
Cela ajoute une Troisième Sonate et le fragment d’une Quatrième, torso de 367 mesures affichant bien des promesses restées en suspend dès son début magique, pianissimo, imposant une atmosphère de crépuscule où l’archet flûté d’Alina Ibragimova se fait rossignol sur l’onde silencieuse du piano. Merveille !, tout comme la sonate de jeunesse elle aussi en fa majeur comme la grande, joueuse, impertinente, bavarde, capricieuse, que les deux amis s’amusent à aviver à force de piques et d’échanges savoureux.
Album parfait, qui vient régler la question de la discographie, pas si courue que cela (bien moins en tous cas que celle des Sonates pour violoncelle), d’un corpus soudain sensiblement augmenté, mais vous commencerez d’abord par les deux grandes sonates repérées, relues d’une façon si singulière par un duo qui devrait se pencher sur les Sonates de Grieg dont l’imaginaire si fécond les espère.