Il fallut à Bridge quatre longues années pour achever la Sonate pour violoncelle et piano en ré mineur (1913-1917) et en être satisfait. Il termina le premier mouvement à la texture riche, teinté de romantisme, avant que la guerre éclate. Composer le reste s’avéra beaucoup plus difficile—à cause du désespoir qui était le sien face à la futilité de la guerre et à l’état du monde. Bridge marchait souvent dans Kensington, à Londres, aux premières heures du jour, incapable de trouver le moindre repos ou sommeil tant il était désespéré. Il n’est donc pas surprenant que le long deuxième mouvement qui tient lieu de mouvement lent (adagio ma non troppo) et de scherzo (molto allegro e agitato), traduisent un caractère beaucoup plus tourmenté que le premier. Ce que Benjamin Britten a appelé «l’impatience [de Bridge] à l’égard de la tonalité» est évident dans le chromatisme ardent de la section lente et dans les couleurs bitonales et par tons entiers (inspirées par la guerre?) du scherzo. Un court interlude modal dans le style d’une chanson traditionnelle pourrait peut-être évoquer un désir ardent de temps plus tranquilles et sereins. Tels qu’ils furent conçus à l’origine, ces épisodes devaient être des mouvements séparés et beaucoup plus longs, avec un finale indépendant, mais Bridge finit par les condenser en une seule «fantaisie en forme d’arche» du genre de celles qu’il avait créées avec tant de succès dans ses Cobbett Phantasies. Pour rééquilibrer la structure en deux mouvements, il ajouta une longue coda, remaniant le début du premier mouvement d’une manière beaucoup plus sèche et incisive.

Les amis musiciens de Bridge, Felix Salmond et Harold Samuel, donnèrent la création au Wigmore Hall de Londres. Par la suite, l’interprétation de Salmond connut un immense succès en Europe et en Amérique. La première exécution à New York, organisée pour coïncider avec une tournée comme chef d’orchestre aux États-Unis organisée par sa nouvelle protectrice, eut lieu l’après-midi du 13 novembre 1923. Bridge continua à éprouver beaucoup d’affection pour cette sonate, qui est encore la plus largement jouée de ses longues pièces en duo.

extrait des notes rédigées par Paul Hindmarsh © 2019
Français: Marie-Stella Pâris

Es sollte ganze vier Jahre (1913-1917) dauern, bis Bridge seine Cellosonate d-Moll zur eigenen Zufriedenheit fertiggestellt hatte. Den reich gesetzten und romantisch gefärbten ersten Satz vollendete er vor dem Ausbruch des Krieges. Doch das Weiterkomponieren wurde ihm sehr schwer—der Grund: seine Verzweiflung über die Sinnlosigkeit des Krieges und den Zustand der Welt. Er war derart niedergeschlagen, dass er oft keinen Schlaf fand und in den frühen Morgenstunden ruhelos den Londoner Stadtteil Kensington durchwanderte. So überrascht es nicht, dass der zweite Satz, der einen langsamen Teil (adagio ma non troppo) und ein Scherzo (molto allegro e agitato) umfasst, im Charakter deutlich aufgewühlter wirkt als der erste. Was Britten als Bridges „Ungeduld gegenüber der Tonalität“ bezeichnete, kommt der sehnsuchtsvollen Chromatik des langsamen Teils und den (möglicherweise unter dem Eindruck des Krieges) aggressiveren bitonalen und ganztönigen Farben des Scherzos zur Geltung. In einem kurzen, volksliedhaften modalen Zwischenspiel klingt vielleicht die Sehnsucht nach ruhigeren, friedlicheren Zeiten an. Eigentlich sollten diese Episoden eigene, ausgewachsene Sätze bilden, denen ein selbstständiges Finale folgen sollte. Doch Bridge entschied sich dafür, sie zu einem großen „Phantasie-Bogen“ zusammenzuzwingen, wie er ihm in den Phantasie-Werken für Cobbett mehrfach gelungen war. Um den zweisätzigen Aufbau auszubalancieren, fügte er ihm eine ausgedehnte Coda an, und fasste den Beginn des ersten Satzes auf schlankere, prägnantere Art neu.

Die Uraufführung spielten die mit Bridge befreundeten Musiker Felix Salmond und Harold Samuel in der Londoner Wigmore Hall. In der Folge fand Salmonds Interpretation in Europa und Amerika viel Beifall. Die Erstaufführung in New York am 13. November 1923 wurde von Bridges neuer Gönnerin Coolidge so arrangiert, dass sie mit einer Tournee als Dirigent zusammenfiel. Die Sonate blieb für Bridge ein besonders wichtiges Werk; bis heute ist sie das meistaufgeführte seiner Werke in Duo-Besetzung.

aus dem Begleittext von Paul Hindmarsh © 2019
Deutsch: Friedrich Sprondel